Châsse de l’abbé Nantelme, ouvre-toi !

Châsse de l’abbé Nantelme, ouvre-toi !

Cette prière a été scandée en désespoir de cause après de longues heures passées à essayer d’ouvrir la châsse. Rien n’y fait, le reliquaire restait sourd à nos supplications, retour sur une ouverture mouvementée…

Tout commence quand il faut trouver la clé de la serrure de la Châsse de l’abbé Nantelme. L’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune est grande, dotée de nombreuses pièces contenant de nombreuses boites qui elles-mêmes contiennent de nombreuses clés.  Heureusement, la mémoire du lieu est grande et grâce aux souvenirs combinés du Procureur et du Conservateur, on se souvient d’un petit coffret en bois, faisant parti du petit Trésor et qui contenait fort heureusement la précieuse clé.

Le dispositif d’ouverture de la châsse de l’abbé Nantelme a été modifié au cours du temps. Le système d’origine n’est pas encore identifié, bien que des traces laissent penser à un toit amovible venant se ficher sur un système de chevilles. Ce qui est sûr, c’est que deux systèmes à charnières se sont succédés avant qu’un système de fermeture à serrure, encore présent, aujourd’hui ne s’y ajoute. Ce dispositif a été probablement bricolé à partir d’une serrure d’armoire et adapté sur la châsse au milieu du XXe siècle si l’on pense à une opération commune avec l’ajout d’une serrure sur la Grande châsse en 1958.

L’ouverture de la châsse ne devrait plus être qu’une formalité, mais c’était sans compter sur une serrure peu coopérante. La clé tourne difficilement et on sent une grande résistance du pêne qui manifestement n’est pas totalement libéré de la gâche.  Pour une meilleure visibilité, la bande ornementale courant à la base du toit est déposée. On y découvre un bois très abimé, probablement en raison d’anciennes ouvertures forcées en se servant d’un levier. Nous ne sommes visiblement pas les seuls à avoir éprouvé des difficultés… Daniel Thurre, historien, avait déjà constaté ces dégâts lors d’une ouverture dans les années 80. Cela nous indiquant qu’ils pourraient être liés au remplacement de la serrure eu milieu du XXe.

Vue des dégâts du bois de la Châsse de l’abbé Nantleme lors d’une ouverture forcée

Une meilleure visibilité, nous permet de comprendre le principe du système de fermeture où deux pênes s’écartent pour venir se ficher de part et d’autre du coffre. Le problème n’est toujours pas réglé, car même en forçant la clé et les pênes, le système reste bloqué. Il faut attendre le renfort d’un 3ème homme, Jean-Emile Gay, menuiser de l’abbaye, pour qu’enfin le système cède, nous permettant d’ouvrir enfin la châsse de l’abbé Nantelme !

À l’intérieur on y découvre une boite en tôle aux dimensions du coffre de l’abbé Nantelme. Elle porte l’inscription de la main du chanoine Léo Müller datée du 16 juin 1958 :

REL. SS. MM. THEB. COMMILITONUM S. MAURITII QUAE ASSERVANTUR IN ARCA DEARGENTATA QUAE DICITUR NANTELMI HUJUS LOCI ABBATIS

Coffre en tôle contenant les reliques de saint Candide et saint Innocent. On distingue en arrière plan le système de charnière actuel à côté des traces du système antérieur.

Si aujourd’hui la châsse de l’abbé Nantelme contient les reliques des saints Candide et Innocent, les recherches indiquent qu’elle abritait, entre le XIIIe et le XVIIe, les reliques de saint Maurice avant qu’elles soit déposées dans la Grande châsse.

Les commentaires sont clos.