Saint Maurice et les quarante plaquettes

Saint Maurice et les quarante plaquettes

On dénombre plus de 40 plaquettes rectangulaires en argent doré ou partiellement doré utilisés sous des ornements filigranés. Ces derniers étant ajourés, il était nécessaire d’interposer une plaquette métallique pour éviter que le bois de l’âme soit visible.

Exemple de l’utilisation d’une plaquette dorées sous un ornement filigrané

Suite au démontage et au nettoyage, ces plaquettes ont révélé des traces d’anciens décors repoussés. Par la nature du décor observé, il semble que ces plaquettes proviennent d’un remploi de reliefs similaires à ceux observés sur des plaques de la Grande châsse. Ci-dessous on voit des photographies recto/verso d’une sélection de plaquettes dorées ainsi que le relevé manuscrit des décors présents. Les 4 premières plaquettes présentes des traces de décors végétaux et les trois dernières des traces de lettres. Ces décors sont identiques aux rinceaux des médaillons de la genèse présent sur les rampants du toit de la châsse.

Sélection de plaquettes dorées présentant des traces de décors (Recto / Verso / Relevé des traces)

Nous avons pour l’instant identifié dix-huit plaquettes provenant de reliefs de la genèse, douze de colonnes des reliefs des apôtres et cinq de la mandorle du Christ. Voici des propositions de l’origine d’une sélection de plaquettes dorées :

Illustration de l’emplacement d’origine de certaines plaquettes dorées

Il s’agit donc d’une preuve matérielle que la majeure partie de la Grande châsse provient du remploi d’un objet du XIIe siècle. Nous savons, grâce à deux documents datés de 1150, conservés aux archives abbatiales, que le comte de Savoie Amédée III emprunte, en 1147, un antependium (ou devant d’autel) pour financer sa participation à la deuxième croisade À sa mort un an plus tard, son successeur Humbert III ne peut rendre la table empruntée et remet à l’abbaye, en compensation, cent marcs d’argent et deux marcs d’or, pour refaire ce devant d’autel. L’historien de l’art Daniel Thurre a proposé plusieurs reconstitutions possibles de cet ornement d’autel. La composition la plus vraisemblable devait présenter un Christ en majesté accompagné de deux anges, encadré du tétramorphe et du collège apostolique au complet. Il pense en retrouver ainsi des fragments en remploi dans la Grande châsse.

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